Revue d’articles scientifiques n°23 (16-30 Septembre 2009)
Quand traiter la femme enceinte ?
Jusque là, les femmes enceintes séropositives faisaient l’objet d’études qui se concentraient sur la transmission de la maladie à l’enfant. Mais qu’en est-il du traitement de ces femmes elles-mêmes ? On a récemment découvert que plus leur traitement commence tôt, plus il semble efficace.
Les effets de ces interventions antirétrovirales sur la progression de la maladie des femmes enceintes séropositives n'ont pas été entièrement évalués. Les études réalisées à ce sujet sont divergentes : certaines montrent une accélération de la maladie au cours de la grossesse, d’autres ne montrent aucun effet aggravant de la grossesse.
Ces dernières années, on a fortement réduit le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant. On est ainsi passé d’un risque de 20% à un risque de moins de 2% en conseillant notamment l’accouchement par césarienne, l’allaitement au lait de substitution, et le traitement des mères pendant la grossesse.
Cependant, une étude récente s’est intéressée au traitement antirétroviral de la femme enceinte, au-delà des problèmes de transmission à l’enfant.
On a observé l’état immunologique et virologique de ces femmes. On a suivi le niveau d’ARN du VIH (matériel génétique du virus prouvant sa présence et sa multiplication) et la quantité de cellules immunitaires CD4+ (cellules cibles privilégiées du virus) chez des femmes commençant la trithérapie avant, pendant, ou après la grossesse. On a également prêté attention à la progression de la maladie, c'est-à-dire aux signes définissant le stade de la maladie. On a alors observé que la diminution d’ARN du VIH et l’augmentation de lymphocytes TCD4+ est plus rapide chez les femmes commençant le traitement avant et pendant la grossesse.
Mais cette étude n’est pas suffisante pour conclure réellement que c’est le meilleur moment. En effet, les femmes ayant reçu le traitement avant ou pendant la grossesse ont été plus suivies au cours de celle-ci. Ces femmes ont pu bénéficier de conseils plus réguliers lors de leurs visites médicales au sujet de leur grossesse. De plus, une femme enceinte produit davantage d’hormones, augmentant ainsi les quantités de cellules immunitaires : les lymphocytes T régulateurs qui agissent sur les lymphocytes T CD8+ qui peuvent se combiner au traitement pour optimiser son effet.
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Antiretroviral therapy initiation before, during, or after pregnancy in HIV-1-infected women: maternal virologic, immunologic, and clinical response. Melekhin VV, Shepherd BE, Stinnette SE, Rebeiro PF, Barkanic G, Raffanti SP, Sterling TR. PLoS One. 2009 Sep 9;4(9):6961.
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